Le simple fait de penser peut nous paraître une activité banale au point que nous n’avons pas forcément conscience du dialogue intérieur présent en nous. Pourtant, l’impact de nos pensées est tout sauf anodin. Si nous n’apprenons pas à les canaliser, elles peuvent avoir des conséquences sur notre vie et notre santé. Observer et identifier les pensées qui nous traversent, en particulier celles qui nous limitent ou nous font souffrir, peut véritablement améliorer notre qualité de vie.
S’il y a bien un domaine dans lequel j’excelle c’est celui de l’évasion … mentale. Assise dans un train, j’observe la personne en face de moi et me demande : où va-t-elle ? Quels sont ses rêves ? À quoi ressemble sa maison ? Où fait-elle ses courses ? Mange-t-elle bio ? Lorsqu’elle descend du train, il peut arriver que je la suive en pensées et m’imagine à quoi ressemble son univers. J’ai toujours eu besoin de me raconter des histoires.
Mon esprit est facilement absorbé par de multiples centres d’intérêts, les expériences que je souhaite faire et les questions que je me pose sur le sens de la vie et l’état du monde. Quand cela est constructif, cela nourrit ma créativité et me permet par exemple d’écrire, de trouver une solution à un problème ou d’initier un nouveau projet. Mais si je ne suis pas attentive à ce qui se passe dans ma tête, cela génère du bruit mental : je brûle mon propre circuit et, sur la durée, la fatigue psychologique s’installe (y compris pour mon entourage lorsqu’elle déborde). Mon bien-être, mon efficacité et ma motivation diminuent.
Machines à penser
C’est un fait, nous, humains, sommes des machines à penser. Nous sommes magnifiquement doués pour créer et chercher des solutions. Le psychiatre Daniel Amen estime à environ 60 000 le nombre de pensées qui nous traversent par jour, soit une par seconde lorsque que l’on est éveillé. Sans oublier que notre société occidentale fonctionne encore selon un système majoritairement analytique : le raisonnement y a une place de choix contrairement à l’intuition (le fait de se fier à un ressenti). Même si un changement de tendance est perceptible avec la valorisation de la créativité.
Mais revenons à nos moutons. Ces pensées, parfois envahissantes, ne sont pas toutes de la même nature. Dans son livre “Réveillez le chaman qui est en vous” Arnaud Riou, conférencier/formateur autodidacte, propose une classification que j’aimerais partager avec toi car elle m’a aidée à devenir plus attentive à ce qui se passe dans ma tête. Il distingue :
- les pensées anecdotiques : type “Ah, j’ai déjà vu ce film”. Ce sont des pensées qui ne sont associées à aucune émotion. Disons qu’elles sont plutôt neutres.
- les pensées d’organisation : “Demain je dois récupérer mon enfant à la garderie à 17h00 tapantes.” Ces pensées, lorsqu’elles sont trop nombreuses créent du stress. Si tu tiens un agenda ou un calendrier familial, probablement que tu sais de quoi je parle …
- les pensées discursives : comme “J’étais plus attirante il y a dix ans” ou “Je n’aime pas la manière dont ma/mon partenaire m’a parlé hier” peuvent devenir problématiques car elles représentent un écart entre la réalité que nous souhaitons vivre et la réalité telle qu’elle est. Souvent elles sont associées à une émotion.
Lorsque ce troisième type de pensées tourne en boucle dans notre tête, quand nous les partageons au fil de conversations au café, au travail, entre amis ou lorsque nous exprimons notre opinion, elles s’impriment en nous. Comme l’explique l’auteur, certaines peuvent même devenir une prédiction suggestive : “Ce projet n’aboutira pas, crois-moi” ou autosuggestive : “Je sens que cette journée va mal se dérouler”. Mais surtout, elles drainent massivement notre énergie vitale.
Lorsque vous consacrez trop d’énergie à entretenir vos pensées, vos opinions, à analyser, comparer, réfuter, juger, débattre, il ne vous reste plus assez d’énergie pour ressentir,
Arnaud Riou
vous émerveiller, créer et aimer.
Pilote automatique
Si nous ne prenons pas conscience de nos pensées, nous risquons d’être littéralement baladé(e)s par notre mental et d’adopter un comportement plutôt mécanique – ce que j’appelle le mode “pilote automatique”. Je ne suis pas en train de dire pour autant qu’il est nécessaire de s’écouter penser à chaque seconde. Au contraire, après une journée bien remplie, je suis ravie de regarder un film divertissant sans plus avoir à réfléchir.
Il peut par contre être utile de prendre quelques minutes chaque semaine pour observer ses propres pensées et se demander « tiens, pourquoi est-ce que je pense ça, là maintenant ? » afin d’identifier quels types de pensées occupent ou encombrent le plus souvent notre esprit. Car si le mode automatique reste activé en permanence dans notre tête, il peut finir par nous enfermer dans une boucle de pensées non constructives voire toxiques et nous empêcher d’évoluer (en générant toujours les mêmes actions de notre part). Nous ne sommes alors plus vraiment présent(e)s à nous-mêmes. Et suivant la situation, le stress s’installe et fragilise notre santé.
Reprendre le volant
Mais alors que faire pour éviter d’errer dans la vie tel un zombie ? Nous avons la possibilité de reprendre le volant … en nous arrêtant. Cela peut paraître paradoxal, mais ralentir est la première étape pour commencer à observer ses pensées. Recréer de l’espace pour soi. Bien que sociable, après une journée en interaction constante avec des gens, j’ai besoin de me retrouver un moment dans le silence. J’apprécie de contempler les arbres depuis ma fenêtre ou d’aller marcher en forêt. Ce sont des choses simples que j’ai intégrées à mon quotidien car elles me sont bénéfiques.
Dans notre monde rempli de stimulations extérieures (pense aux notifications de ton smartphone ou de ta montre connectée) ou il est possible d’être atteignable en permanence et dans lequel être en activité est fortement valorisé, cela ne suffit malheureusement pas toujours. La pleine conscience, le yoga, les exercices de respiration ou, dans mon cas, un art martial (l’aikïdo) permettent de faire le vide. Des techniques comme le Pranic Healing® et la méditation guidée pourraient peut-être aussi t’apporter de nouvelles ressources. Et comme il n’est pas toujours facile de commencer, je propose depuis peu des introductions à la méditation (dans un autre article découvre comment cela me semblait ennuyeux au début).
Et bien sûr, il y a le rire ! As-tu déjà remarqué comme le rire peut te faire momentanément oublier tous tes soucis ? Et toi quel est ton truc ? Ecouter de la musique ? Danser ? Tricoter ? Faire du trampoline ? Jardiner ? Dessiner ? Cuisiner ? Bricoler ?